Popule meus
Tomás Luis de Victoria



O mon peuple, que t’ai-je fait ?
En quoi t’ai-je contristé ?
Réponds-moi !
Dieu saint
saint et fort
saint et immortel, prends pitié!

Popule meus, quid feci tibi?
Aut in quo contristavi te? Responde mihi.
Hagios o Theos.
Sanctus Deus.
Hagios ischyros.
Sanctus fortis.
Hagios athanatos, eleison imas.
Sanctus et immortalis, miserere nobis.


L’Officium Hebdomadae Sanctae, publié en 1585, est un recueil de chants polyphoniques composés par Tomas Luis de Victoria pour alterner avec le chant grégorien aux offices de la Semaine Sainte. Ces morceaux, écrits de quatre à huit voix, se rattachent à la liturgie du Triduum pascal (les jeudi, vendredi et samedi de la Semaine Sainte). Cette liturgie se compose principalement des offices nocturnes, à raison de trois nocturnes par jour. Chacun de ces nocturnes comporte trois lectures suivies chacune d’un répons (il y a donc vingt sept fois le couple lecture-répons sur les trois jours). Les trois répons des premiers nocturnes sont tous des extraits des Lamentations de Jérémie. Il y a donc, pour les trois jours, neuf répons sur des textes des Lamentations et dix-huit répons sur d’autres textes.

Ces dix-huit répons constituent la partie la plus importante et la plus connue du recueil. Ces répons sont tous à quatre voix dans le mode de ré sur sol, même si le langage se révèle dans l’ensemble nettement tonal. Le style est celui du motet palestrinien adapté à la forme du répons (répons en deux phrases, verset solistique, reprise de la deuxième phrase du répons).

La musique de Victoria est ici affranchie de toute référence grégorienne à la faveur d’une musique librement inspirée. L’expression est personnelle, profonde et fervente quoique toujours d’une grande sobriété. L’écriture en imitation est le plus habituellement utilisée même si Victoria se permet quelques procédés homophoniques pour souligner certaines phrases du texte. Les répons ont ainsi une grande force dramatique. Leur expression à la fois dépouillée et intense témoigne de ce que l’on a appelé la crise mystique du compositeur, précédant son retour en Espagne où il mènera une vie retirée et contemplative.

Sources: http://www.bonmont.ch/novantiqua-2005.asp

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