Wolfgang Amadeus Mozart
Messe du couronnement en Do majeur (KV 317)
Vêpres solennelles d'un confesseur(KV 339)



En janvier 1779, Mozart rentre à Salzbourg, suite à son dernier voyage à Paris et après un court séjour à Mannheim. Pendant ce voyage, le jeune homme vit des heures bien sombres : il connaît la plus grande déception amoureuse de sa vie, il rencontre l'indifférence du monde musical parisien et se confronte au décès de sa mère. C'est un homme affecté et transformé qui regagne sa ville natale. Il a alors 22 ans. À cette époque, c’est un musicien en pleine mutation : il rapporte de Paris une vive passion pour un idéal dramatique auquel ont sans doute, contribué C.W.Gluck (1714-1787) et toute l'école de «l’Opéra Fran çais». Portrait de Mozart

Mozart devient organiste de la cour, de la cathédrale et maître de concert. Revenu dans le calme de sa ville natale, il met à profit tous les enseignements recueillis au cours du grand voyage qu'il vient d'achever. Salzbourg est restée une ville traditionnelle et renfermée sur elle-même. Elle commence à devenir trop étroite pour le jeune Mozart avide de création musicale. Ce sera pour lui le dernier séjour à Salzbourg, qu’il quittera bientôt définitivement. Pendant cette période, sa production d’œuvres religieuses, sera particulièrement étonnante. Probablement, la plus fructueuse de sa vie dans ce domaine. En effet, sauf les deux grands chefs-d'œuvre de la maturité, ses messes ont toutes été écrites entre 1766 et 1780.

Si l'on observe l'accompagnement instrumental des œuvres qui nous occupent, on ne peut nier que Mozart se soit laissé entraîner par le torrent instrumental qui s'échappait de sa plume au lieu de se donner la liturgie pour unique guide. À son idéal religieux sont venues s'ajouter les conquêtes instrumentales de son grand voyage: rien n'est plus étonnant que de voir comment, avec des ressources aussi restreintes et immuables, au point de vue instrumental, que celles de Salzbourg, il accroît en puissance créatrice, en éclat et en magnificence, cet accompagnement.

La messe du Couronnement a été composée en mars 1779, en commémoration du couronnement de la Vierge Miraculeuse, à Maria Plain, près de Salzbourg. W.A. Mozart écrit, pour cet événement, cette grande messe solennelle qui marquera le début d'une nouvelle musique religieuse. En effet, même si le cadre liturgique est respecté, l'écriture instrumentale reflète une richesse et un dramatisme rarement observés auparavant.


Quant aux Vêpres du Confesseur, elles ont été composées en 1780 et l'on ne connaît pas l'événement qui les aurait inspirées. Comme toutes les vêpres, elles sont basées sur cinq psaumes. Elles donnent place à l'expression individuelle de Mozart de façon encore plus prononcée que l'œuvre précédente. Avec une liberté et une sensibilité étonnantes, l’homogénéité de l’œuvre est interrompue uniquement par le Laudate Pueri, basé sur un ancien motif de fugue déjà utilisé par J.S.Bach et par J. Haendel et que le propre Mozart reprendra pour son Requiem. Ici, c'est la tradition sévère et imposante, qui prend le dessus sur l'expression novatrice. La surprise que procure le merveilleux Laudate Dominum qui le suit est d'autant plus grande après la rigueur de ce morceau contrapontique. À chacun des psaumes s'ajoute ici, en manière de conclusion, la phrase: «Sicut erat in principio, et nunc, et semper et in saecula seculorum, Amen ». Ces paroles coïncident à chaque fois avec un résumé musical du morceau, donnant ainsi à la musique une impulsion nouvelle.


Vers la fin 1780, Mozart reçut la commande définitive d'écrire un grand opéra pour le théâtre de Munich et il quittera Salzbourg dès le 5 novembre de la même année.

Viviana Azar
(10 mai 2004)