Joseph Haydn
Les 7 dernières paroles du Christ en Croix


« Les Sept Dernières Paroles de notre Rédempteur sur la Croix » est un oratorio en deux parties de Joseph Haydn, pour soprano, alto, ténor et basse soli, choeur à 4 voix et orchestre.

L'origine de l'oeuvre est une commande du marquis de Valdes-Inigo, chanoine de l'Eglise du Rosaire à Cadix. Sous cette église se trouve une crypte (« Santa Cueva ») où l'évêque célébrait l'après-midi du vendredi saint un office consistant en une brève homélie sur chacune des Sept Paroles après quoi, il se prosternait devant l'autel pour une méditation silencieuse d'une dizaine de minutes. Le marquis chanoine demanda à Haydn sept adagios précédés d'une introduction et suivis d'un mouvement rapide évoquant le tremblement de terre suivant la mort du Christ rapporté par les récits évangéliques. (Durée de la version originale : 1h10 environ).

Jaquette du disque 'Les 7 paroles'

Pour Haydn, cette suite de sept mouvements lents fut une véritable épreuve ; il réussit pourtant à y introduire une impressionnante variété de structures et d'invention mélodique. Composé au cours de l'hiver 1786-87, elfe fut créée à Cadix le vendredi saint 6 avril 1787 et se répandit si rapidement que la même année l'éditeur Artaria lança l'édition de cette imposante partition d'orchestre, mais aussi une réduction pour quatuor à cordes faites par Haydn et une réduction pour piano approuvée par lui.

En 1795, revenant d'Angleterre via Hambourg et Dresde, Haydn fit étape à Passau, où le maître de la chapelle Joseph Friberth avait fait un arrangement des Sept Dernières Paroles en oratorio ; il avait gardé la partition originale pour orchestre à laquelle il avait superposé des parties chantées. Haydn emporta une copie de cet arrangement fait en 1793 et aurait déclaré : « je crois que je peux faire cela mieux moi-même ». Il le fit effectivement l'année suivante (1796), avec l'aide du baron van Swieten, le futur librettiste de la Création et des Saisons , car le musicien estimait que le texte de Friberth, vaguement inspiré par la célèbre Passion de Ramier (Der Tod Jesu) et la citant parfois, avait besoin d'amélioration.

Pour l'original orchestral, il avait, probablement à la suggestion de son ami l'abbé Maximilien Stadler, choisi pour chacun des sept mouvements un thème mélodique correspondant au chant du texte latin des Sept Paroles, ce qui avait été gravé dans la partition.

Musicalement, le travail de Haydn, que l'on peut suivre sur les manuscrits conservés, offre plusieurs aspects. D'abord il fait précéder chacune des Sept Paroles d'un choeur homophone sans accompagnement, dont la solennité austère contraste avec la version assez lyrique et « sensible » de Friberth.

Il change quelques détails de l'orchestration originale et transforme aussi, très peu au début, mais de plus en plus en avançant dans l'oeuvre, les parties vocales de Friberth.

Le choeur final sur le tremblement est dramatique et grandiose.

L'oeuvre fut éditée chez Breitkopf & Hàrtel en 1801 et connut un immense succès pendant une bonne partie du XIXè siècle. Haydn a déclaré nettement que, sous la forme première pour orchestre comme sous la forme oratorio, il considérait que Die sieben letzten avorte était une de ses meilleures compositions.

Ensemble Vocal Magadis
(Juin 2001)