Ô qu'heureuse est ma fortune

Ô qu'heureuse est ma fortune, ô combien est grand mon heur.
D'être seul retenu d'une, pour fidèle serviteur:
Par sus toutes, elle est vue, pleine de grâce et beauté,
Et suis sûr qu'elle est pourvue beaucoup plus de loyauté.

Comparer est impossible Sa grande perfection,
Fors qu'à mon heur indicible et à mon affection,
Mais tous deux procèdent d'elle et de moi seul je n'ai rien
Qu'un cœur loyal et fidèle, encore n'est-il pas mien.

Ô vous qui ne l'avez vue, voyez la pour votre bien,
Puis jugez l'avant connue, l'heur que ce m'est d'être sien:
Mais la voyant si parfaite, gardez vous bien un chacun
Car pour blesser elle est faite, et de tous n'en guérir qu'un.

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