Liebesliederwalzer
Johannes Brahms


Les Liebesliederwalzer ("Chansons d'amour"), composés en 1869 pour quatre chanteurs et piano à quatre mains, sont inspirées de la tradition des campagnes viennoises.
Elles expriment la joyeuse attente de l’amour sur les rythmes de valse que la Vienne impériale du XIXe siècle affectionnait tant.
Ce cycle d’exquises miniatures, tour à tour ironiques, badines, pleines d’humour, ou sincères, emprunte ses textes à un recueil de poèmes populaires, Polydora.
Figurant parmi les oeuvres les plus fameuses de Johannes Brahms, les Liebesliederwalzer connurent un immense succès à leur création.


- 1 -
Parle, jeune fille, trop chérie,
Qui dans ma poitrine, froide,
A projeté d'un regard
Ces sauvages et brûlants sentiments!

N'attendriras-tu pas ton cœur,
Veux-tu, comme une bigote,
Rester sans délices intimes,
Ou veux-tu que je vienne?

Rester sans délices intimes,
Je ne paierai pas un prix si amer.
Allez viens, toi aux yeux noirs,
Viens, lorsque se lèvent les étoiles.


- 2 -
Le flot se jette contre les rochers,
Puissamment projeté.
Ici, ceux qui ne savent soupirer,
L'apprendront de l'amour.


- 3 -
O les femmes, o les femmes,
Comme elles éveillent la volupté!
Il y a longtemps que je serais moine,
Si ce n'étaient les femmes!


- 4 -
Comme le beau soir rougeoyant,
Pauvre fille, je voudrais rayonner,
Pour plaire à quelqu'un,
Et rayonner d'une volupté sans fin.


- 5 -
Les verts sarments de houblon
Serpentent sur la terre,
Jeune et belle fille,
Que tes pensées sont tristes!

Ecoute, vert sarment!
Pourquoi ne t'élèves-tu pas
vers le ciel?
Ecoute, jolie fille!
Pourquoi as-tu le coeur si lourd?

Comment le rameau pourrait-il s'élever
Sans qu'on lui prête appui?
Comment la fille pourrait-elle être gaie,
Quand son bien-aimé est loin d'elle?


- 6 -
Un joli petit oiseau
Prit son envol
Vers le jardin
Où il y avait assez de fruits.
Si j'étais un joli
Petit oiseau,
Je ne traînerais pas,
Je ferais comme lui.

Un perfide gluau
A cet endroit le guette;
Le pauvre oiseau
Ne peux s'en dégager.
Si j'étais un joli
Petit oiseau,
J'attendrais bien,
Je ne ferais pas comme lui.

L'oiseau vint
Sur une jolie main
Qui ne le captura pas,
Le chanceux.
Si j'étais un joli
Petit oiseau,
Je ne tarderais pas,
Je ferais comme lui.


- 7 -
J'étais joliment satisfaite
Auparavant,
De ma vie
De mon amour;
A travers un mur,
Oui, à travers dix murs,
J'étais distinguée
Par le regard de mon ami.
Pourtant, maintenant, hélas,
Lorsque devant le frigide,
Je suis tout près,
Devant ses yeux,
Ni ses yeux, ni son cœur
Ne me reconnaissent.


- 8 -
Lorsque tes yeux me regardent
Si tendrement et si amoureusement,
Cela chasse les derniers troubles
Qui m'enserrent d'effroi.

Le bel éclat de cet amour,
Ne le laisse pas retomber!
Jamais aucun autre ne t'aimera
Aussi fidèlement que moi.


- 9 -
Sur les plages du Danube,
Il y a une maison,
Là une fille aux joues roses
Regarde dehors.

La fille,
Elle est bien enclose,
Dix cadenas de fer
Sont posés à sa porte.

Dix cadenas de fer
C'est une plaisanterie,
Je les fais sauter,
Comme s'ils étaient de verre.


- 10 -
O comme la source doucement
Serpente a travers la prairie!
O que c'est beau quand l'amour
Rencontre l'amour!


- 11 -
Non, on ne peut bien s'entendre
Avec les gens;
Tous savent si perfidement
Tout interpréter.

Si je suis gai,je dois nourrir
Des pulsions légères;
Si je suis silencieux, cela veut dire
Que je suis fou d'amour.


- 12 -
Debout, serrurier,
et fais des serrures,
Des serrures sans nombre;
Car les méchantes gueules je veux
Les fermer toutes à la fois.


- 13 -
Le petit oiseau fonce en l'air,
Il cherche une branche;
Et un cœur, un cœur,
il désire un cœur,
Et heureux faire halte.


- 14 -
Vois comme la vague est claire,
La lune regarde vers le bas!
Toi qui es mon amour,
Aime-moi à nouveau!


- 15 -
Le rossignol chante si joliment,
Lorsque brillent les étoiles,
Aime-moi, coeur aimé,
Embrasse-moi dans le noir!


- 16 -
L'amour est un sombre puits,
Une source par trop dangereuse;
J'y suis tombé, pauvre de moi,
Je ne puis ni entendre ni voir,
Seulement penser à ma félicité,
Seulement gémir de douleur.


- 17 -
Ma lumière,
ne te promène pas là bas dehors,
Dans la région des champs!
Tes pieds, les délicats,
Deviendraient trop mouillés,
trop tendres.

Là-bas inondés sont les chemins
Qui mènent à toi;
Si abondamment là bas pleuraient
Mes yeux.


- 18 -
Le buisson tremble,
Effleuré par le vol
D'un petit oiseau.
De la même façon
Mon âme est agitée
Par l'amour, le plaisir et la douleur,
Quand elle pense à toi.

- 1 -
Rede, Mädchen, allzu liebes,
das mir in die Brust, die kühle,
hat geschleudert mit dem Blicke
diese wilden Glutgefühle!

Willst du nicht dein Herz erweichen,
willst du, eine Überfromme,
rasten ohne traute Wonne,
oder willst du, daß ich komme?

Rasten ohne traute Wonne,
nicht so bitter will ich büßen.
Komme nur, du schwarzes Auge.
Komme, wenn die Sterne grüßen.


- 2 -
Am Gesteine rauscht die Flut,
heftig angetrieben;
wer da nicht zu seufzen weiß,
lernt es unterm Lieben.


- 3 -
O die Frauen, o die Frauen,
wie sie Wonne tauen!
Wäre lang ein Mönch geworden,
wären nicht die Frauen!


- 4 -
Wie des Abends schöne Röte
möcht ich arme Dirne glühn,
Einem, Einem zu gefallen,
sonder Ende Wonne sprühn.


- 5 -
Die grüne Hopfenranke,
sie schlängelt auf der Erde hin.
Die junge, schöne Dirne,
so traurig ist ihr Sinn!

Du höre, grüne Ranke!
Was hebst du dich nicht himmelwärts?
Du höre, schöne Dirne!
Was ist so schwer dein Herz?

Wie höbe sich die Ranke,
der keine Stütze Kraft verleiht?
Wie wäre die Dirne fröhlich,
wenn ihr das Liebste weit?


- 6 -
Ein kleiner, hübscher Vogel
nahm den Flug
zum Garten hin,
da gab es Obst genug.
Wenn ich ein hübscher,
kleiner Vogel wär,
ich säumte nicht,
ich täte so wie der.

Leimruten-Arglist
lauert an dem Ort;
der arme Vogel
konnte nicht mehr fort.
Wenn ich ein hübscher,
kleiner Vogel wär,
ich säumte doch,
ich täte nicht wie der.

Der Vogel kam
in eine schöne Hand,
da tat es ihm,
dem Glücklichen, nicht and.
Wenn ich ein hübscher,
kleiner Vogel wär,
ich säumte nicht,
ich täte doch wie der.


- 7 -
Wohl schön bewandt
war es vor ehe
mit meinem Leben,
mit meiner Liebe;
durch eine Wand,
ja, durch zehn Wände
erkannte mich
des Freundes Sehe.
Doch jetzo, wehe,
wenn ich dem Kalten
auch noch so dicht
vorm Auge stehe,
es merkts sein Auge,
sein Herze nicht.


- 8 -
Wenn so lind dein Auge mir
und so lieblich schauet,
jede letze Trübe flieht
welche mich umgrauet.

Dieser Liebe schöne Glut,
laß sie nicht verstieben!
Nimmer wird, wie ich, so treu
dich ein andrer lieben.


- 9 -
Am Donaustrande,
da steht ein Haus,
da schaut ein rosiges
Mädchen aus.

Das Mädchen,
es ist wohl gut gehegt,
zehn eiserne Riegel
sind vor die Türe gelegt.

Zehn eiserne Riegel
das ist ein Spaß;
die spreng ich
als wären sie nur von Glas.


- 10 -
O wie sanft die Quelle sich
durch die Wiese windet!
O wie schön, wenn Liebe sich
zu der Liebe findet!


- 11 -
Nein, es ist nicht auszukommen
mit den Leuten;
Alles wissen sie so giftig
auszudeuten.

Bin ich heiter, hegen soll ich
lose Triebe;
bin ich still, so heißts, ich wäre
irr aus Liebe.


- 12 -
Schlosser auf, und mache Schlösser,
Schlösser ohne Zahl;
denn die bösen Mäuler will ich
schließen allzumal.


- 13 -
Vögelein durchrauscht die Luft,
sucht nach einem Aste;
und das Herz, ein Herz, ein Herz begehrt's,
wo es selig raste.


- 14 -
Sieh, wie ist die Welle klar,
blickt der Mond hernieder!
Die du meine Liebe bist,
liebe du mich wieder!


- 15 -
Nachtigall, sie singt so schön,
wenn die Sterne funkeln.
Liebe mich, geliebtes Herz,
küsse mich im Dunkeln!


- 16 -
Ein dunkeler Schacht ist Liebe,
ein gar zu gefährlicher Bronnen;
da fiel ich hinein, ich Armer,
kann weder hören noch sehn,
nur denken an meine Wonnen,
nur stöhnen in meinen Wehn.


- 17 -
Nicht wandle, mein Licht, dort außen
im Flurbereich!
Die Füße würden dir, die zarten,
zu naß, zu weich.

All überströmt sind dort die Wege,
die Stege dir;
so überreichlich tränte dorten
das Auge mir.


- 18 -
Es bebet das Gesträuche,
gestreift hat es im Fluge
ein Vögelein.
In gleicher Art erbebet
die Seele mir, erschüttert
von Liebe, Lust und Leide,
gedenkt sie dein.













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