Charles Tessier
(fin du XVI ème siècle)


Vie et oeuvre

La carrière et la musique de Charles Tessier, éminent luthiste et compositeur d'airs de la fin du XVIe siècle, se situent dans l'ombre de celle de son contemporain anglais, John Dowland. Charles était le fils du musicien breton Guillaume Tessier (ou Thessier) qui, en 1582, publia à Paris, chez A. Le Roy et R. Ballard, son Premier Livre d'airs tant François, Italien, qu'Espagnol reduitz en Musique à 4 & 5 parties, accompagné d'une dédicace adressée à Henri III.

Deux ans auparavant, le 19 septembre 1580, Sir Henry Cobham, ambassadeur anglais à la cour de France et mécène du jeune John Dowland, notait qu'un "vieux musicien nommé Guillaume Tessier, né en Bretagne, avec ses deux fils et sa fille" désirait s'échapper "de la maladie et du manque de revenus dont il souffrait à Paris."

Bien que le recueil d'airs de Guillaume s'ouvre par un madrigal italien adressé à la reine Elizabeth, il n'existe aucune preuve de la présence des Tessier sur le sol anglais avant 1597. A cette date, Charles écrit trois lettres à Anthony Bacon, frère du célèbre poète et ami d'Henri de Navarre depuis 1580, et lui demande de l'argent et de l'aide pour trouver un bienfaiteur parmi la haute bourgeoisie anglaise. Cinq ans plus tard, Charles sert le landgrave Maurice de Hesse à Marbourg, et en 1609 il se trouve à Nancy où il joue devant Henri II duc de Lorraine.


Alors que peu de chansons de Charles semblent avoir été intégrées dans des collections anonymes d'airs de cour à 4 voix publiées à Paris en 1596 et 1597, le premier recueil entièrement consacré à sa musique fut imprimé par Thomas Easte (ou Este) à Londres, en 1597, et sur la page de titre désigne Tessier comme "musitien de la chambre du roy" (Henri IV).


L'œuvre de Charles Tessier rassemble au total 90 airs strophiques, le plus souvent en français, et 10 villanelles en italien, espagnol, turc, suisse, gascon, un madrigal et un fragment de cris de rue. Le répertoire riche et varié qu'a laissé Charles Tessier témoigne d'une carrière itinérante - cour de France, Angleterre, Saint Empire et Lorraine - propice à des échanges nombreux et fructueux, notamment avec John Dowland. Il est probable en effet que les deux musiciens aient eu à plusieurs reprises des contacts : à la cour de France dans les années 1580, plus tard auprès du landgrave Maurice. Les mélodies bien tournées comme l'habileté harmonique de Tessier sont attestées par Dowland lui-même, qui dans un de ses airs au moins emprunte directement à son collègue français.

Philippe Vendrix







Source : © Radio France