Henri Purcell , né à Londres, en 165(9),
était fils d'un musicien de la chapelle de Charles II. Il y a
peu de renseignements sur son éducation musicale; cependant, son
père étant mort en 1664, lorsqu'il n'était
âgé que de six ans, on croit qu'il entra comme enfant de
chœur à la chapelle royale, où il
reçut des leçons de Cooke, puis de Pelham
Humphrey. Le docteur Blow fut ensuite son maître de
composition. Ses progrès furent si rapides qu'il
composa
plusieurs antiennes pendant qu'il
était encore enfant de chœur.
À l'âge de dix-huit ans, il fut choisi comme
organiste de l'abbaye de Westminster, et la place d'organiste de la
chapelle royale lui fut accordée en 1684. C'est de cette
époque que datent ses meilleures compositions pour
l'église, et que sa réputation
s'étendit dans toute la Grande-Bretagne.
La supériorité incontestable de sa musique
sur tout ce qu'on avait écrit depuis longtemps en
Angleterre, le caractère d'originalité qu'on y
remarquait et la variété des formes firent
rechercher ses ouvrages par tous les maîtres de chapelle.
Dès 1677, il s'était aussi fait
connaître au théâtre par
l'ouverture et les airs qu'il écrivit pour le drame
intitulé Abelazor.
Purcell fut le premier compositeur anglais qui introduisit les
instruments dans la musique d'église, car avant lui on
n'employait que l'orgue pour l'accompagnement des voix. Il montra dans
son instrumentation autant de conceptions nouvelles que dans le
caractère de sa musique vocale.
Parmi ses œuvres religieuses, son Te
Deum et son Jubilate sont
particulièrement remarquables par la majesté
du style. Mais pour apprécier le mérite de
ces compositions, il est nécessaire de se reporter au
temps où l'auteur écrivit, et de leur
comparer la situation de l'art à cette époque
en Angleterre.
De nos jours, elles laissent désirer à
l'audition plus de suavité dans la mélodie,
un retour moins fréquent des mêmes cadences
harmoniques, et plus de variété dans les
rhythmes (sic). En cela, elles participent du style de Carissimi, que
Purcell paraît avoir étudié avec
soin.
Il y a aussi de l'embarras dans le mouvement des parties de son
harmonie, et celle-ci est souvent incorrecte.
Quoi qu'il en soit, il est certainement le plus grand musicien qu'ait
produit l'Angleterre. Il s'est exercé dans tous les
genres, et dans tous il s'est montré artiste de
génie : toutefois, il ne faut pas adopter le jugement des
écrivains anglais lorsqu'ils le comparent à
Scarlatti, à Keiser, et lui donner la
préférence sous le rapport de l'invention :
ceux-là furent des maîtres sans reproche. Sa
fécondité inspire de
l'étonnement, lorsqu'on songe que son existence n'a pas
été au delà de la
trente-septième année, car il mourut le 21
novembre 1695.
Une partie des productions dramatiques de Purcell a
été publiée dans une collection
qui a pour titre : A Collection of ayres
composed for the theatre and on other occasions, by the late M. Henry
Purcell (Collection de morceaux composés pour le
théâtre et dans d'autres occasions, par feu
maître Henri Purcell); Londres, 1697.
Les drames et
opéras dont on trouve des morceaux dans ce recueil sont
ceux dont les
titres suivent :
1. Abelazor,
représenté en 1677.
2. The Virtuous Wife
(la Femme vertueuse), 1680.
3. Indian Queen (la Reine indienne),
dont
la première partie de l'ouverture égale,
suivant Burney, les meilleures
productions de Haendel.
4. Dioclétien ou le
Prophète, 1690.
5. King
Arthur (le roi Arthur), 1691.
On ne connaissait cet ouvrage que par les
extraits de la collection citée plus haut; mais M. Edouard
Taylor en a
retrouvé la partition complète, et en fait le
sujet de deux lectures
publiques, à Londres, les 11 et 12 mai 1840. Suivant
l'opinion de ce
savant professeur, le Roi Arthur est une composition de l'ordre le plus
élevé, eu égard au temps où l'auteur
vivait. Cet ouvrage a
été publié
dans la collection anglaise des Antiquaires musiciens.
6. Amphitryon,1691.
7. Gordian knot unlied (le Nœud
gordien délié), 1691.
8.
Distressed Innocence, or the Princess of Persia (l'Innocence
malheureuse,
ou la Princesse de Perse), 1691.
9. The Fairy Queen (la Reine de
fées),
1692.
10. The Old Bachelor (le vieux Bachelier), 1693.
11. The Married
Beautifull (le Beau Marié), 1694.
12. The Double Dealer (le Fourbe),
1694. 15. Bonduca, 1695, une des meilleures productions de Purcell,
publiée dans la collection des Antiquaires musiciens.
15 (bis). Dido and Aeneas ; ibid.
Parmi les compositions dramatiques de cet artiste dont on ne trouve pas
d'extraits dans la collection citée plus haut, on remarque
:
16. Timon
d'Athènes, 1678.
17. Theodosius, or the Force of Love
(Théodose, ou la
Force de l'Amour), 1680.
18. La Tempête, de Dryden,
1690. 19. Don
Quichotte, 1694.
Purcell a publié en partition, chez Playford, à Londres, les morceaux de musique qu'il avait composés pour un divertissement théâtral, représenté en 1683, et pour la tragédie d'Œdipe, en 1692. Il a aussi publié lui-même, en 1684, sa musique pour la fête de Sainte-Cécile, exécutée le 22 novembre de l'année précédente, et, en 1691, la partition de son opéra sérieux Dioclétien. Il avait fait paraître, en 1683, douze sonates pour deux violons et basse continue.
Quoique Purcell ait écrit beaucoup de
morceaux détachés pour le chant,
on n'en avait publié qu'un petit nombre pendant sa vie;
ils avaient
paru dans la collection de Playford, intitulée :
The Theatre of Music
(Londres, 1687). Après la mort de Purcell, sa veuve
réunit tout ce
qu'il avait laissé en ce genre, et en donna la collection
sous le titre
d'Orpheus britannicus (Londres, 1696).
Cette édition était remplie de
fautes grossières; il en fut donné une
meilleure en 1702; mais elle ne
contient pas toutes les pièces de la première.
Playford publia, dans la
même année, le deuxième volume de
l'Orpheus britannicus. La veuve du
compositeur fit aussi paraître successivement :
1. Une suite de dix
sonates pour le clavecin, dont la neuvième est connue sous
le titre
Golden sonata (Sonate d'or),
à cause de son mérite.
2. Leçons pour le clavecin.
3. Les fameux Te Deum et Jubilate, et quelques antiennes dans
l'Harmonia sacra de Playford.
Une grande quantité de musique de Purcell était restée en manuscrit; Vincent Novello l'a recueillie avec soin et en a publié une belle édition complète, en soixante-douze livraisons grand in-folio, précédées d'une notice sur la vie et les ouvrages du compositeur (en quarante-quatre pages in-folio), et de son portrait. Cette collection a pour titre : Purcell's Sacred Music Edited by Vincent Novello; Londres, 1826-1836. François-Joseph Fétis, article « Henri Purcell », dans Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique. Deuxième édition. Tome septième. Paris, Firmin-Didot, 1866, p. 141-142