Félix Mendelssohn-Bartholdy
(Hambourg 1809 - Leipzig 1847)


Vie et oeuvre

Descendant d'une grande famille juive allemande où le culte des valeurs intellectuelles et morales fut toujours la préoccupation fondamentale. A partir de 1825, la maison familiale devient l'un des plus brillants centres intellectuels de Berlin. L'intelligence et la sensibilité de Mendelssohn s'y développent dans des conditions matérielles et spirituelles exceptionnellement heureuses. Il a les meilleurs maîtres, fait d'excellentes études classiques, comprenant les langues anciennes et modernes et la musique, dans un climat harmonieux mais marqué par la rigidité d'une discipline de fer (lever à 5 h du matin...). Ses dispositions pour la musique étaient exceptionnelles.

Wolfgang Amadeus Mozart

La partition est conçue en deux grandes parties, se terminant chacune par un monumental chœur de louanges. Elles contiennent des épisodes dramatiques saillants (l'épreuve par le feu et l'attente de l’Eternel dans la seconde), avec des emprunts à l'Ancien Testament autres que ceux du 1er Livre des Rois Ésaïe 6, 1-3, pour le récit et chœur n°35, « Heilig ist Gott der Herr (Saint est l’Eternel notre Dieu) . L’œuvre apparaît comme un savant dosage des styles de l'oratorio haendelien et de l'opéra romantique à la Weber. De nombreux épisodes suggèrent l'action et le mouvement : caractère du chœur n° 10, « Du bist's Elias » (C'est toi, Élie) ; véhémence du peuple lorsque le feu apparaît sous la victime, n° 16, « Das Feuer fiel herab » (Le feu descendit du ciel) ; rencontre peu amène d'Élie et de Jézabel dont les objurgations sont ponctuées par le chœur (n° 23).

Une force physique émane des récits et des airs d'Élie, personnage dramatique central, héros connaissant des états de violence et de détresse. Élias débute par un récitatif où, avec solennité et gravité, le prophète annonce la sécheresse. Les quatre grands airs d'Élias - deux dans chaque partie - comptent parmi les plus nobles et vigoureuses inspirations de Mendelssohn: affirmation de la puissance de Dieu dans le n° 14, « Herr Gott Abrahams » (Dieu d'Abraham) ; révolte du prophète dans le n° 17, « Ist nicht des Herrn Wort wie ein Feuer » (La Parole de Dieu n'est-elle pas comme le feu ?), avec de redoutables vocalises ; émouvant air du découragement, dans la lignée de Bach, au n° 26, « Es ist genug » (C'en est assez), avec un magnifique contre-chant de violoncelle ; arioso de la confiance retrouvée n° 37, « Ja, es sollen wohl Berge weichen » (Oui, les montagnes s'écarteront).

Si Mendelssohn offre à Élie la prééminence dramatique et vocale, il écrit pour Jenny Lind, l'un des airs les plus émouvants de la partition, le n° 21, « Höre, Israël » (Ecoute, Israël). Les chœurs jouent un rôle moteur dans l'action ils représentent le peuple d'Israël, les prêtres de Baal, les anges ; « ils renforcent l'impression de solitude qui émane du personnage central, et justifient ses réactions» (R. Jacobs).

Mais c'est souvent l'aspect fastueux et monumental qui prévaut dans le chœur d'ouverture s'enchaînant à une fugue d'orchestre, « Hilf, Herr! » ( Aide-nous, Seigneur ) ou dans le véhément « Wehe ihm » (Malheur à lui, n° 24), ou encore dans l'intervention vigoureuse de l'épisode « Aber der Herr sieht es nicht » ( Mais l'Éternel ne le voit pas, n° 5 ), émanation du peuple d'Israël violent, inquiet, influençable.

L'orchestre est, lui aussi, un acteur : il décrit (trémolos annonciateurs de la tempête, lorsque le jeune garçon, du haut de son observatoire, annonce à Élie qu'il voit un petit nuage s'élever des eaux, n° 19) ; il accompagne, ponctue les interventions vocales, avec des caractérisations précises.

Extraits du Dictionnaire de la Musique Vocale de Honegger et Prévost, chez Larousse