1732 | Naissance à Rohrau sur la Leita |
1757 | Prermiers quatuors à corde |
1761 | Engagement chez le prince Esterházy |
1766 1774 | Les grandes symphonies : symphonie 45 Les adieux symphonie 49 La passion Les 3 premiers quatuors à corde |
1775 1790 | Fait jouer et compose des opéras à la demande de Nicolas 1er Esterházy |
1784 | Rencontre avec Mozart |
1785 1790 | Répond aux commandes de Madrid, Londres et Paris |
1790 1794 | Voyage en Europe |
1791 | Docteur honoris causa d'Oxford |
1792 | Donne des leçons à Beethoven |
1794 1795 | Dernières symphonies londoniennes |
1795 1803 | Retour à Eisenstadt, à la demande de Nicolas Esterházy Compose une messe par an et deux oratorios La Création, Les Saisons |
1808 | Exécution de La Création à Eisenstadt sous la direction de Salieri |
1809 | Mort, dans la maison de Gumpendorf |
Joseph Haydn est né le 31 mars 1732 à Rohrau (il y passera, à l'exception de ses deux voyages à Londres, la quasi-totalité sa vie). De souche paysanne et d'ascendance germanique, l'enracinement de sa famille aux limites orientales de l'Europe ne fut pas sans influence sur sa musique. Matthias, père de Joseph, aimait la musique et jouait de la harpe sans connaître les notes.
Son fils, Franz Joseph (qui, toute sa vie durant, devait se faire appeler Joseph), petit enfant de 4 ou 5 ans, l'accompagnait parfois en chantant. Deuxième enfant sur douze, Joseph avait un frère Johann Michael, sixième enfant (1737-1806), qui fut lui aussi, compositeur, ainsi qu'un autre frère, Johann Evangelist, onzième enfant (1743-1805) qui passa sa vie comme ténor chez les Esterhàzy.
À Hainbourg habitaient également plusieurs membres de la famille,
et en particulier un certain Johann Matthias Franck, époux d'une
demi-soeur de Matthias Haydn.
Ayant admiré la voix du jeune Joseph,
Franck, qui était à Hainbourg, à la fois, maître d'école et maître des
choeurs, persuada les parents du futur musicien de lui confier leur
fils, promettant en outre de veiller à son éducation générale. A l'âge
de six ans, Haydn quitta donc Rohrau, où il ne devait plus jamais
retourner vivre.
Haydn apprit à lire, à écrire, à chanter, à jouer tous
les instruments à cordes sans oublier les timbales.
Deux ans plus tard,
Karl Georg Reutter s'arrête à Hainbourg lors d'une tournée de
recrutement pour sa maîtrise. Il était compositeur de musique
religieuse et, depuis peu, maître de chapelle de la Cathédrale St
Etienne de Vienne. L'exécution par Joseph d'un trille difficile
emporta, paraît-il, la décision, et c'est probablement en avril-mai
1740 que Haydn, alors âgé de huit ans, fut engagé comme enfant de choeur
par Karl Georg Reutter.
À Vienne, il devait passer les vingt années suivantes de son
existence, d'abord comme petit chanteur à St-Etienne, puis comme
compositeur.
L'éducation des nouveaux petits chanteurs était largement
confiée aux anciens, et en 1745, Joseph eut la charge de son frère
Michael, venu le rejoindre à St-Etienne.
Mais la voix de Haydn muait :
au cours d'un concert, l'Impératrice jugea qu'il "piaillait". Dès
lors, Reutter n'attendit qu'un prétexte pour se débarrasser de
l'adolescent. « Un tour pendable de Haydn accéléra son renvoi » : le
jeune homme essaya une nouvelle paire de ciseaux sur la perruque d'un
camarade. Et c'est ainsi qu'un soir de l'hiver 1749-1750, Haydn se
retrouva seul et sans argent dans les rues de Vienne.
Pour la première
nuit de " liberté, il accepta l'hospitalité du ténor Johann Michael
Spangler. Il reçut également un prêt du riche marchand Anton Buchholz,
dont il se souviendra en couchant la petite-fille de ce dernier sur
ses testaments de 1801 et de 1809.
Il put finalement s'installer dans
une mansarde et y faire monter un vieux clavecin. Pour gagner sa vie,
il jouait de l'orgue ou du violon et donnait des leçons de clavecin. La
nuit, il étudiait des ouvrages théoriques, et travaillait les sonates
de Carl Philipp Emanuel Bach.
Un heureux hasard voulut que Haydn attirât ainsi l'attention du célèbre
poète et librettiste Pietro Metastasio - Métastase - (1698-1782), qui
habitait au troisième étage de la même maison. Par son intermédiaire,
il élargit le cercle de ses élèves et, surtout, put lui-même profiter
des leçons du compositeur, Nicolas Porpora. (1686-1768 ). En fait, de
1753 à 1755 environ, Haydn servit en quelques sorte d'assistant à
Porpora : «Les qualifications d'asino, de coglione, de birbante, ne
manquaient pas, ni les bourrades non plus ; mais je supportais tout
avec patience, car je fis chez Porpora de très grands progrès en chant,
en composition et en langue italienne » (Griesinger).
Une rencontre
importante fut pour lui celle du baron Karl Joseph von Frnberg
(1720-1767). Le baron organisait régulièrement des concerts de musique
de chambre dans sa résidence de Weinzierl en Basse-Autriche, à quelques
kilomètres du Danube sur la rive droite. Invité à y participer, Haydn
composa pour lui, ses premiers quatuors à cordes. Sur les conseils du
baron, Haydn fut nommé maître de chapelle du comte Morzin. C'est pour
lui que Haydn composa ses premières symphonies et une série de
divertissements à six pour violon et instruments à vent.
Des revers de fortune obligèrent le comte Morzin à se séparer de ses
musiciens. Le jeune compositeur ne restera pas longtemps sans emploi.
Le prince Paul Anton Esterházy (1711-1762) qui, comme hôte du comte
Morzin, signa son contrat (peut-être après une période d'essai) le 1er
mai 1761, se liant ainsi à la famille Esterházy pour le reste de ses
jours.
Cette dynastie d'aristocrates n'était pas une des famille les
plus anciennes de Hongrie, mais une des plus riches, des plus
puissantes et des plus cultivées. Elle s'était toujours distinguée au
service des Habsbourg, ce qui lui avait valu les titres de baron en
1613, comte en 1626, et prince en 1687 (cette dernière dignité n'était
devenue héréditaire qu'en 1712). Depuis 1622, la résidence principale
de la famille était Eisenstadt (en hongrois Kismarton), à une
cinquantaine de kilomètres au sud-est de Vienne.
Le contrat en quatorze
articles signé par Haydn, le 1er mai 1761 est considéré, avec raison,
comme reflétant typiquement la condition du musicien sous l'Ancien
Régime. Haydn s'engageait à « se comporter comme il convient à un
fonctionnaire honorable d'une maison princière » à « éviter tout excès
» et « à veiller à ce que lui-même et ses subordonnés apparaissent en
uniforme »... Il eut comme successeur son frère Nicolas Joseph
(1714-1790), bientôt surnommé Nicolas le Magnifique. Haydn devait le
servir pendant 28 ans.
Durant ses premières années chez les Esterházy, Haydn écrivit surtout
des symphonies et des concertos, ces derniers étant destinés à mettre
en valeur les musiciens de son orchestre : parmi ceux-ci, des virtuoses
de premier ordre, comme Joseph Weigl ou le corniste Johann Knoblauch.
Haydn noua avec beaucoup d'entre eux des relations d'amitié assez
étroites, et fut même témoin à leur mariage ou parrain de leurs
enfants.
Mais la vie à Eisenstadt puis à Esterházy n'était pas
qu'idyllique. Pendant cinq ans, Haydn dut coexister avec Werner, qui
conserva la charge de maître de chapelle jusqu'à sa mort (3 mars 1766).
En réalité Haydn ne lui était subordonné que pour la musique
religieuse (Werner écrivit de nombreux motets et seize messes,
uniquement entre 1761 et 1765). Il appréciait sincèrment Werner et
procéda à divers changements de sa musique.
Haydn eut maints soucis à
Eisenstadt et à Esterhaz à la suite de conflits qui ne manquaient pas
de surgir entre musiciens, ou entre eux et l'administration du prince.
Les artistes dont il avait la charge étaient turbulents : pétitions,
requêtess, cas litigieux étaient monnaie courante et Haydn devait
toujours s'en occuper. Dans cette perspective, la célèbre anecdote de
la Symphonie des Adieux, N45 (novembre 1772) n'apparaît pas comme un
cas particulièrement singulier.
Divers commentaires ont été faits à ce
sujet et la version de Griesinger est sans doute la plus proche de la
réalité « Parmi les musiciens du prince Esterhaz, se trouvaient des
jeunes mariés qui, l'été, tant que le prince séjournait à Esterhaz,
étaient dans l'obligation de laisser leur femme à Eisenstadt.
Contrairement à son habitude, le prince décida de prolonger son séjour
à Esterhaz de plusieurs semaines. Les jeunes époux consternés se
tournèrent vers Haydn et lui demandèrent de leur venir en aide dans
cette situation.
Haydn eut l'idée de composer une symphonie dans le
dernier mouvement de laquelle les instruments se taisaient les uns
après les autres. Cette symphonie fut exécutée ?aussitôt que possible en
présence du prince. Il avait été recommandé à chaque musicien, dès que
sa partie serait terminée d'éteindre sa chandelle et de s'en aller
avec son instrument sous le bras. Le prince et tous ceux qui étaient
présents saisirent immédiatement le sens concret de cette intention, et
l'ordre du départ d'Esterhaz survint le lendemain même ». Haydn, lui
aussi, se plaignit plus d'une fois de devoir rester isolé à Esterhaz et
de ne pouvoir se rendre comme il l'entendait à Vienne.
En fait, durant les dernières années à Esterhaz, Haydn n'écrivit
presque plus rien directement pour le prince. La quasi-totalité de sa
production fut alors destinée au monde extérieur : à Vienne, mais
surtout à Paris et à Londres. Le compositeur avait en effet acquis une
grande notoriété sur le plan européen.
Dès 1764, à son insu, certaines
de ses oeuvres avaient été publiées à Paris, alors capitale européenne
de l'édition musicale. Durant longtemps, des éditeurs peu scrupuleux
s'enrichirent aux dépens de Haydn, à qui la diffusion de sa musique ne
rapportait presque rien. Éditeurs et copistes étaient peu soucieux
d'honnêteté non seulement sur le plan financier, mais également du
point de vue artistique. Ils faisaient parfois paraître des oeuvres sous
un aspect tronqué et surtout n'hésitaient pas, le cas échéant, à
diffuser, sous le nom de Haydn des petites pièces écrites en réalité
par d'autres compositeurs.
Dans les années 1780, la production de Haydn était donc publiée en
diverses capitales et le compositeur recevait également des commandes
de l'étranger. Deux d'entre elles furent particulièrement importantes :
la première vint des " Concert de la Loge olympique " à Paris qui, fin
1784 ou début 1785, commanda à Haydn six symphonies parisiennes (Ns 82
à 87). Pour chacune de ces oeuvres, écrites en 1785 et en 1786, Haydn
toucha 25 louis d'or.
La seconde commande vint d'Espagne. José Saluz de
Santamaria, marquis de Valde-Iigo et chanoine de Santa Cueva à Cadix,
demanda à Haydn, par l'intermédiaire de leur ami commun le marquis Don
Francesco Miron, une musique orchestrale sur le thème des Sept Paroles
du Christ. Commencée en 1785, l'oeuvre fut entendue à Vienne le 26 mars
1787 et à Cadix sans doute le vendredi saint de la même année
Par ces
commandes qui l'amenaient à composer pour un public moins restreint que
celui dont il avait l'habitude à Esterhaz, Haydn fut sauvé de
l'étouffement local et d'une crise créatrice grave qui le menaçait. Son
déplaisir était d'autant plus grand qu'à Vienne rôdaient des personnes
qui lui étaient chères. Parmi elles, W.A. Mozart, de 24 ans son cadet.
La mort de Nicolas le Magnifique (28/09/1790 ), protecteur dont Haydn
n'avait en vérité pas eu trop à se plaindre, modifia la situation. Son
fils et successeur Paul Anton (1738-1794) n'aimait pas la musique: il
conserva à Haydn son titre de maître de chapelle et augmenta sa
pension, mais sans manifester d'intérêt réel pour le compositeur. Il
décida de licencier l'orchestre peu après la mort de son père.
Devenu
libre, Haydn se précipita à Vienne. Immédiatement, les propositions
affluèrent. Il était sur le point d'accepter celle du roi de Naples,
quand un étranger se présenta chez lui : « Je suis Salomon de Londres
et je viens vous chercher. Demain, nous signerons un contrat. »
Salomon, violoniste né à Bonn en 1745, s'était installé à Londres en
1781 et était devenu organisateur de concerts. Haydn avait déjà espéré
aller à Londres en 1783. Cette fois-ci, il saisit l'occasion qui se
présentait.
Et c'est ainsi qu'à 58 ans, Haydn quitta pour la première fois son
pays. Lors de son séjour à Londres, il sera nommé docteur honoris causa
à l'université d'Oxford. Il s'y découvrira aussi une passion pour
l'astronomie qui lui inspirera l'ouverture de La Création.
Il connaît
son apogée dans le genre symphonique, avec sa période anglaise où il
compose douze symphonies, les " Londoniennes " parmi lesquelles on
pourra citer " La surprise " (n 94) qu'il compose l'année de la mort
de Mozart.
Puis il revient à Vienne sur ordre du prince Nicolas II Esterházy. Il y
compose les six derniers Quatuors Op. 76, "La Création" (1798) et son
grand oratorio, "Les Saisons" en 1801.
Les dernières années, Haydn qui se
sent étranger au grand monde préfère rester dans l'ombre. Ses forces le
quittent petit à petit et il décède le 31 mai 1809 alors que Napoléon
assiège la capitale Autrichienne. L'Empereur Français se fera
représenter à l'enterrement par quelques grenadiers qui pourront y
entendre lors de funérailles modestes le Requiem de Mozart.
Rédacteur : Xavier Minnaert
source: http://www.resmusica.com